Par Mike Whitney, le 29 avril 2025
Le député iranien Mohammad Siraj affirme que l'explosion massive à Bandar Abbas était un acte de sabotage délibéré. Siraj a déclaré à l'agence de presse Rokna
qu'"Israël est impliqué dans l'explosion. Ce n'était pas un accident. Des preuves évidentes indiquent l'implication d'Israël".
Le député a affirmé que l'explosion, qui a fait au moins 70 morts et 1 200 blessés graves, a été causée par des explosifs placés au préalable dans des conteneurs maritimes, déclenchés à distance par satellite ou par minuterie.
M. Siraj a expliqué que les explosions se sont produites simultanément en quatre points différents, une théorie qu'appuient les photos aériennes montrant des incendies dans au moins trois sites distincts.
M. Siraj a également affirmé que des agents iraniens auraient aidé Israël à placer les explosifs.
Le député iranien n'a toutefois pas été en mesure de fournir de preuves tangibles à l'appui de ses allégations, et son interview a ensuite été retirée du site web de Rokna.
Ce qui est certain, c'est que l'incident de Bandar Abbas fait écho à un évènement similaire (l'explosion du port de Beyrouth en 2020), mais semble également avoir été stratégiquement planifié pour coïncider avec le troisième cycle des négociations nucléaires entre les États-Unis et l'Iran à Oman.
(source via @TheIntelFrog )
De plus, le Premier ministre israélien Netanyahu a clairement indiqué qu'il ne veut pas voir les pourparlers de paix progresser tant que l'Iran n'aura pas renoncé à ses missiles balistiques défensifs et ne sera pas davantage isolé dans la région. Connaissant son penchant pour une "solution militaire", il est tout à fait concevable qu'Israël ait joué un rôle dans cette explosion gigantesque qui a non seulement tué des dizaines de personnes, mais aussi détruit une grande partie du plus grand port de conteneurs d'Iran.
Le récit dominant dans les médias mainstream est que le port était utilisé pour stocker du combustible solide destiné aux missiles balistiques iraniens, ce qui sous-entend implicitement que le "combustible pour missiles" est une cible légitime, que ces missiles soient utilisés à des fins de défense ou non. Voici un extrait du Times of Israel :
"Le New York Times a cité une personne liée au CGRI iranien, s'exprimant sous couvert d'anonymat pour discuter de questions de sécurité, qui a déclaré que du perchlorate de sodium aurait explosé. Ce composé est un ingrédient majeur du combustible solide utilisé pour les missiles."Le port a réceptionné une cargaison de ce produit chimique en mars, a déclaré la veille la société de sécurité privée Ambrey. Ce combustible faisait partie d'une cargaison expédiée de Chine vers l'Iran sur deux navires, comme l'a rapporté en janvier le Financial Times.
"Le ministère iranien de la Défense a démenti les informations selon lesquelles l'explosion aurait été causée par une mauvaise manipulation de combustible solide pour missiles, un porte-parole déclarant à la télévision d'État que ces informations "s'alignent sur les opérations psychologiques de l'ennemi" et que la zone touchée par l'explosion ne contenait aucune cargaison militaire". Times of Israel
On note que les allégations concernant le "combustible pour missiles" sont discrètement reprises, tandis que les affirmations du député iranien sont rejetées comme de la spéculation. Et bien qu'on ne dispose d'aucune information de source interne permettant de confirmer l'une ou l'autre théorie, le parti pris des médias saute aux yeux.
Naturellement, les responsables iraniens nient les allégations relatives au "carburant pour missiles" afin d'éviter d'admettre que les services de renseignement israéliens ont infiltré leurs rangs et ont accès à des informations militaires cruciales. Dimanche, le porte-parole iranien, le général Reza Talaeinik, a catégoriquement nié que le carburant pour missiles soit à l'origine de l'explosion.
"Aucune cargaison importée ou exportée destinée à des applications militaires ou à la fabrication de carburant ne se trouvait ou ne se trouve sur le port",
a-t-il déclaré par téléphone à la télévision d'État. Il a qualifié les informations étrangères sur le carburant pour missiles de sans fondement.
On a eu très peu d'informations supplémentaires sur les explosions depuis les premières dépêches. Bien sûr, cela n'a pas refroidi l'intérêt du public ni réduit les spéculations. En l'absence de données factuelles, on ne peut pas dire avec certitude "ce qui s'est passé" ou "ce qui ne s'est pas passé", mais cela ne doit pas nous empêcher de nous interroger sur la signification d'un incident qui, à mon sens, pourrait changer la donne au Moyen-Orient et dans le monde.
Supposons, par exemple, que, pour une raison ou une autre, le gouvernement iranien utilise Bandar Abbas comme réserve stratégique (temporaire ?) pour son combustible solide destiné aux missiles balistiques (ce qu'un analyste a qualifié d'"artère vitale pour les guerres régionales par procuration du régime") ainsi que pour sa propre défense. Si c'est le cas, ces réserves essentielles sont parties en fumée et ne seront plus disponibles en cas d'attaque américano-israélienne en mai ou juin. Cela pourrait en effet porter un coup terrible au gouvernement et compromettre gravement sa capacité à défendre le pays contre une attaque imminente. En bref, Bandar Abbas pourrait être à l'Iran ce que les "beepers piégés" ont été au Hezbollah. Espérons que ce ne soit pas le cas, mais cette possibilité est à craindre.